Projet TOMA – Terre crue, biosourcés et conception architecturale : un trio gagnant

En Guyane comme à Mayotte des productions de briques de terre crue compressée ont été mises en place depuis plusieurs années.

Ces briques, conjugués à des matériaux biosourcés locaux et à une conception architecturale adaptée, peuvent contribuer à améliorer le confort des bâtiments en limitant le recours à la climatisation.

Le confort sans la climatisation

Selon la Cool Coalition (ONU) « près d’un tiers de la population mondiale fait face à des températures dangereuses plus de 20 jours par an ». Le recours à la climatisation est en pleine croissance avec un lot d’impacts négatifs : consommation d’énergie, rejet de chaleur amplifiant les ilots de chaleur, pertes de fluide frigorigène, conséquence sur les budgets des ménages et des états, captation de la production d’électricité, entretien défectueux, etc. Cependant, malgré cette croissance de la climatisation, les coûts d’acquisition, de fonctionnement et de maintenance des climatiseurs restent hors de portée d’une grande majorité des populations ; celles-ci subissent une situation d’inconfort qui affecte leur santé et leurs activités et qui s’aggrave avec le réchauffement climatique. Le recours à des solutions alternatives est donc une nécessité et une urgence. Une conception architecturale adaptée aux conditions locales, l’utilisation de matériaux performants ou encore la végétalisation contribuent significativement aux qualités thermiques des bâtiments. L’optimisation et la conjugaison des approches conception et matériaux peuvent permettre de limiter – voir des supprimer – l’utilisation des climatiseurs sans remettre en cause le confort des usagers.

Conjuguer conception bioclimatique et caractéristiques des matériaux

La conception bioclimatique pour les bâtiments dans les régions intertropicales fait l’objet de publications régulières (voir par exemple la Charte pour la conception des bâtiments durables et des éco-quartiers dans les pays tropicaux d’ONU Habitat ou le MOOC de l’ADEME Construire durable en zone tropicale humide). Sur un autre plan, les travaux menés notamment sur les matériaux biosourcés ont montré que le fonctionnement hygrothermique des matériaux à forte porosité influence significativement le confort des bâtiments. Les deux approches doivent être mise en synergie pour optimiser leur efficacité. Par exemple, il faut valoriser le pouvoir de matériaux à forte hygroscopicité à améliorer le confort hygrothermique dans des bâtiments où l’on a optimisé la ventilation. Parallèlement, la conception des bâtiments peut amplifier les échanges hygrothermiques des matériaux par le choix des finitions ou en garantissant le niveau d’hygrométrie.

Ressources locales et performances

La disponibilité de matériaux à forte hygroscopicité est bien sûr une des conditions nécessaires au déploiement d’une telle démarche. Pour les territoires ultramarins l’importations de ces matériaux est difficilement compatible avec les ambitions affichées en termes d’environnement ou de développement économique ; d’autant que des ressources locales sont souvent mobilisables. La terre crue est une piste solide de matériaux hygroscopiques valorisables : à Mayotte, la production de briques de terre compressée (BTC) a été engagée dans les années 80 avec un succès avéré dans des programmes innovants – les fameuses « cases SIM ». Ces démarches, bien qu’ayant perdu une partie de leur dynamique, sont à la base d’une expertise, d’un savoir-faire et d’une culture locale unique en France. En Guyane, la production de BTC a été mise en place en 2005 avec la création d’une entreprise, la Brique de Guyane, ayant des objectifs élevés en termes de gamme de produits, de qualité et de production. Par ailleurs, les territoires disposent de nombreuses bioressources susceptibles de venir augmenter les performances hygrothermiques des BTC ou de fournir des matériaux complémentaires. L’appropriation par ces filières de solutions biosourcées permettra d’offrir des solutions constructives performantes, de créer des activités économiques et de limiter les effets négatifs des importations de matériaux de construction.