Le projet COCO
S’interroge sur les différents indicateurs et sur leurs pertinences, utilisés pour qualifier le confort thermique dans les bâtiments sous un climat tropical comme ceux de La Martinique et de Mayotte, et plus largement en Outre-mer.
Contexte et enjeux
En climat tropical, la notion confort thermique est l’élément majeur de la consommation énergétique d’un bâtiment. En effet, lorsque le confort thermique des usagers ne peut être atteint par des moyens passifs (ventilation naturelle, protection solaire, végétalisation des abords), des moyens actifs (climatisation) sont mis en œuvre, induisant une forte croissance de ces consommations. En l’absence de changement de cap, en 2050, il pourrait y avoir quatre fois plus de climatiseurs dans le monde (source : AIE).
Ou comment être en confort thermique tout en limitant sa consommation énergétique
Le projet COCO, présenté dans le cadre de l’APP OMBRÉE, entend répondre aux objectifs suivants :
- Informer les acteurs de la construction et forger un discours cohérent sur la possibilité de construire des bâtiments bioclimatiques dans l’Outre-mer
- Sensibiliser les utilisateurs des bâtiments aux paramètres qui constituent la notion de confort thermique dans le but de réduire la consommation de la climatisation
- Définir des méthodes d’évaluation et des indicateurs du confort thermique pour les bureaux d’études techniques et experts de l’efficacité énergétique dans l’Outre-mer
Besoin d’indicateurs adaptés pour évaluer le confort thermique dans les bâtiments
La notion de confort thermique est une notion subjective qui dépend de paramètres environnementaux comme la qualité bioclimatique du bâtiment mais elle dépend également de paramètres physiologiques des individus comme leur activité du moment ou leur état métabolique. La notion de confort tient compte également de l’acclimatation des individus à la zone géographique dans la quelle ils vivent.
Les bureaux d’études de l’Outre-mer sont nombreux à utiliser des simulations thermiques dynamiques lors de la conception de bâtiments. Toutefois, les indicateurs pour évaluer le confort thermique sont divers.
On peut citer par exemple :
- La représentation de la température et l’humidité sur le diagramme de l’air humide avec les zones de confort de Givoni
- Le degré de surchauffe utilisé par exemple dans l’outil Batipéi
- Le nombre d’heures au-dessus de 28°C ou au-dessus de 30°C
- Le modèle de confort adaptatif
Le travail réalisé au cours de la thèse d’Aurélie Lenoir sur la redéfinition du diagramme de Givoni à La Réunion montre qu’il est nécessaire d’adapter les indicateurs de la bibliographie aux climats et aux habitants des territoires concernés. En effet, des doutes existent sur les limites définies par Givoni à Mayotte et en Martinique, en particulier sur les seuils de l’humidité ou sur la notion d’adaptabilité physiologique. Il est aussi important de valider un indicateur pour les bâtiments fonctionnant en ventilation naturelle et un autre indicateur pour les bâtiments climatisés.
Sans vouloir harmoniser totalement les pratiques des BET, COCO proposera une méthodologie d’étude du confort thermique et des indicateurs adaptés aux territoires martiniquais, mahorais et réunionnais.
Une utilisation rationnelle de la climatisation et de l’énergie
L’usage de la climatisation représente entre 50 et 60% de la consommation dans les bâtiments tertiaires dans les territoires ultra-marins. Il est donc primordial de mettre en place des actions de sensibilisation des occupants des bâtiments tertiaires et résidentiels sur la notion confort thermique afin qu’ils soient en mesure d’être acteurs de leurs conforts passif (ouvrir une fenêtre, faire fonctionner un brasseur d’air avant la climatisation…) et de recourir à un usage rationnel de la climatisation.
La sensibilisation doit également ingérer l’usage des brasseurs d’air qui représente un moyen d’améliorer le confort thermique avec une consommation électrique jusqu’à 40 fois moins importante que celle de la climatisation. Mais des réticences se font sentir à Mayotte et à la Martinique pour mettre en œuvre des brasseurs d’air dans les bâtiments tertiaires en particulier. Cette réticence trouve ses racines d’une part dans un maque d’acceptation socio-culturelle de l’équipement et d’autre part, dans un manque de connaissance de ses modes d’usage (les brasseurs d’air permettent d’allonger la période en fonctionnement passif des bâtiments et permettent également d’augmenter les températures de consigne de la climatisation en réduisant la température ressentie de l’ordre de 4°C).

ENERPOS : conception bioclimatique
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